Cette plante millénaire serait originaire de Perse. Au 1er siècle, Pline l’ancien, le naturaliste Romain et Dioscoride médecin et botaniste Grec mentionnent dans leurs ouvrages les lavandes “Aspic” et “Stoechas”. Dioscoride les classe parmi les plantes précieuses.
Elle était utilisée par les Egyptiens, les Grecs et les Romains pour parfumer les bains et entretenir le linge.
Le terme "lavande" apparait au Moyen Age, selon le verbe latin "lavare" qui signifie laver. Son utilisation était liée à la lutte contre les maladies infectieuses : Le parfum est associé à l'aspect thérapeutique, on a longtemps cru que les mauvaises odeurs propageaient les maladies.
A cette époque, on trouvait la lavande dans les jardins de monastères où, associée à d'autres plantes aromatiques, elle était utilisée à but médicinal. Les plantes étaient d'ailleurs les seuls éléments de la pharmacopée.
La cueillette de la lavande apparaît dès le XIVème siècle dans des textes relatifs à l'herboristerie (cf. Les Herboristes de Lure). En 1371, la culture de la lavande existait déjà en Bourgogne et on la retrouve dans les "jardins de simples" où les "bonnes herbes" étaient réunies en une sorte d'armoire à pharmacie naturelle.
Le développement au XIIIème siècle des Facultés de Marseille et Montpellier a joué un rôle important dans la connaissance des bienfaits des plantes locales et les recherches des universitaires s'appliquaient aux moyens d'en extraire les principes actifs.
Elle est citée dans de nombreux textes, elle était utilisée à but thérapeutique sous forme d'huile essentielle, en usage interne et externe, notamment suite aux épidémies de peste en Provence.
La distillation de la lavande en Provence date du 16ème siècle, on l'utilisait comme vermifuge et pour soigner les plaies.
Au 18ème siècle, on l'utilisait contre la peste en association avec d’autres plantes aromatiques.
Elle entre dans la composition du légendaire vinaigre des 4 voleurs: Macération dans du vinaigre de plantes aromatiques et médicinales aux propriétés antiseptiques.
La légende raconte que plusieurs brigands détroussaient des cadavres pendant une épidémie de peste, sans être eux-mêmes contaminés. Interrogés sur leur résistance, ils répondirent avoir découvert un remède, le fameux « vinaigre des quatre voleurs », qu’ils prenaient quotidiennement.
Le nombre des voleurs, les dates, le lieu, et la composition de la préparation, sont variables. La date est comprise entre le xive et le xviiie siècle, et les villes de Marseille et Toulouse sont souvent citées.
Le vinaigre des quatre voleurs fut inscrit au Codex (recueil de formules pharmaceutiques approuvées par la faculté de médecine) en 1748 et vendu en pharmacie comme antiseptique.
Il apparait dans Le Temps des Amours de Marcel Pagnol, et il est encore commercialisé aujourd’hui contre les risques de contagion, soins de la peau, capillaires et des muqueuses, fatigue, maux de tête, encombrement respiratoire, élimination des poux et lentes…
L'histoire de la lavande en Provence est fortement influencée par la ville de Grasse:
Elle est un centre important de traitement des cuirs, lié à l'activité pastorale de l'arrière-pays. Au XVIIIè siècle une nouvelle mode apparaît: celle des cuirs parfumés. C'est ainsi qu' une industrie très importante se développe: La corporation des maîtres-parfumeurs se distingue de celle des tanneurs dès 1759.
La création de l'entreprise CHIRIS, en 1768, développe la demande de lavande et de plantes aromatiques de l'arrière-pays.
Au 19ème siècle, avec le développement de l’industrie et de la parfumerie, on commence à cultiver cette plante sauvage.
La cueillette de la lavande est une activité complémentaire réservée aux petits paysans, aux femmes et aux enfants. La fleur est vendue aux grassois comme matière première. Dans l'économie rurale concentrée autour des cultures de céréales et de l'élevage, la lavande apporte une nouvelle source de revenus pour les plus modestes, d'autant qu'elle pousse toute seule dans des régions arides, sur des terres pauvres et impropres à tout autre culture.
Le développement des villes et de la consommation de parfums augmentent la demande des parfumeurs en lavande. Le nombre des cueilleurs et les quantités récoltées augmentent. Les communes instaurent des adjudications pour les collines à lavande.
Peu à peu, les paysans parviennent à s'équiper d'alambics mobiles et à distiller eux-mêmes sur les zones de cueillette.
Puis des alambics fixes sont développés par des familles de cueilleurs :1882 : Sault, 1900: St André Les Alpes, 1905 : Entrevaux.
Les Grassois installent sur place des distilleries de type industriel dès 1907 : distillerie SCHIMMEL à Barrême.
L'huile essentielle pouvant être stockée pour être vendue aux meilleurs cours, la spéculation se développe rapidement et les revenus appréciables des bonnes années permettent la modernisation des exploitations. Les courtiers auront un rôle prépondérant dans le commerce entre l'arrière pays et Grasse.
Dans les années 1920/1930, la cueillette de la lavande fine atteint un développement important, avec les équipes de travailleurs Piémontais, déjà employés pour d'autres travaux agricoles. Les rendements s'améliorent grâce à l'entretien des terrains : épierrement, labours, passage des troupeaux de moutons qui nettoient et fertilisent les terrains. Les premiers essais de mise en culture datent de 1905 par transplantation des plus beaux plants des collines dans les champs proches des villages, et c'est à l' après-guerre de 14-18 que cette pratique se développe.
On récoltait alors la lavande à la faucille. Les cueilleurs étaient munis d’un sac en toile en bandoulière “la saquette”, dans lequel ils déposaient les poignées de lavande. Une fois remplies, les saquettes étaient vidées en tas au bord des champs pour le séchage des fleurs sur des bourras (carrés de toile grossière)
La plupart des coupeurs débutaient dès l’enfance. Ces saisonniers embauchés à la tâche se rendaient de village en village, débutant la coupe dans les secteurs de basse altitude où la floraison est plus précoce et finissant dans les montagnes de la Drôme, près du Mont Ventoux. C’était un travail harassant, sous un soleil de plomb, qui s’effectuait en équipe.
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Informations et réservations:
Les coupeurs avaient remarqué des plants plus développés qui furent appelés "grande lavande" ou "lavande bâtarde": Il s'agissait en fait de lavandin, issu du croisement naturel entre la lavande aspic et la lavande fine!
Entre 1925 et 1930, la technique de bouturage s'impose pour le lavandin, avec des sélections pour la recherche des plants offrant un meilleur rendement en huile essentielle et une meilleure résistance et adaptation aux terrains.
C'est également à cette période que sont concentrés les efforts sur la mécanisation et la modernisation de la culture. Félix Eysseric, qui a créé son entreprise en 1928 à Nyons, invente entre autres, des machines destinées à l'exploitation de la lavande, et la première machine à couper la lavande.
En 1952: Premiers essais de coupe mécanique.
La machine relève les fleurs, les guide vers un système de coupe, puis vers un lieur qui attache une gerbe. Pendant trois ou quatre jours, on dépose les gerbes sur les plantes ce qui permet le séchage avant la distillation
La mécanisation et le développement des cultures de lavandin entraînent le déplacement des cultures vers les zones de plateau (Sault, Valensole) et de plaine (Vallée du Rhône) et à une extension de la culture du lavandin vers de nouvelles zones à partir de 1965 (Ardèche et Gard).
En même temps, le développement de produits de synthèse et l'apparition d'une maladie encore mal expliquée : le dépérissement prématuré des plants, qui affecte la durée de vie et la productivité des plantations ont contribué à la diminution des surfaces cultivées en lavande
Aujourd'hui, l'huile essentielle de lavande fine n'est plus utilisée dans les produits de grande consommation, l'huile essentielle de lavandin et les produits de synthèse moins coûteux, l'ont remplacée. Mais elle reste irremplaçable dans les deux domaines prestigieux de son histoire : La parfumerie de luxe et la sphère médicale avec le développement de la phytothérapie et de l'aromathérapie
Sources: Futura Sciences, Wikipédia